S’il est écrit que je dois mourir
Il vous appartiendra alors de vivre
Pour raconter mon histoire
Pour vendre ces choses qui m’appartiennent
Et acheter une toile et des ficelles
Faites en sorte qu’elle soit bien blanche
Avec une longue traîne
Afin qu’un enfant quelque part à Gaza
Fixant le paradis dans les yeux
Dans l’attente de son père
Parti subitement
Sans avoir fait d’adieux
À personne
Pas même à sa chair
Pas même à son âme
Pour qu’un enfant quelque part à Gaza
Puisse voir ce cerf-volant
Mon cerf-volant à moi
Que vous aurez façonné
Qui volera là-haut
Bien haut
Et que l’enfant puisse un instant penser
Qu’il s’agit là d’un ange
Revenu lui apporter de l’amour
S’il était écrit que je dois mourir
Alors que ma mort apporte l’espoir
Que ma mort devienne une histoire
Refaat Alareer, tué par un bombardement israélien, décédé dans la nuit du 6 au 7 décembre 2023.
Ce poème est bouleversant, écrit dans l’encre de l’existence d’un universitaire, poète et militant ayant grandi à Gaza. Le poème, écrit en anglais, voyage désormais dans d’autres langues et court sur les fils de notre toile web.
Il est arrivé dans ma boîte mail et j’ai souvent écouté la version musicale en français https://lecafedesvallees.fr/index.php/post/%C2%AB-S%E2%80%99il-est-%C3%A9crit-que-je-dois-mourir...-%C2%BB-%28Refaat-Alareer%29-mis-en-musique-par-HK.
Ce poème est écrit à un moment tragique de l’histoire palestinienne, mais aussi de l’histoire des Hébreux, de notre histoire. Il n’appartient désormais plus à son auteur, il s’est installé dans mes pensées en une longue méditation sur les bébés de Palestine, les bébés d’Israël et de tous les bébés, nés ou à venir dans notre époque marquée par des guerres.
La voix du poète nous invite à vivre pour raconter l’histoire de ceux qui ont disparu, écrasés par la cruauté du monde, terrorisés et impuissants devant les armes dévastatrices. De ceux aussi, héros connus ou inconnus qui ont œuvré pour un monde meilleur. Le tissage de ces histoires deviendra les toiles futures de nos habits narratifs appelant à l’harmonie.
La voix du poète disparu envoie un message spirituel d’espérance : l’ange n’est-il pas une créature appartenant aux religions monothéistes : musulmane, juive et chrétienne ? N’est-il pas un messager, et aussi un compagnon qui accompagne chaque humain dès sa naissance ?
Ce poème engage à l’espoir pour tous les bébés de cette région du monde : que la mort tragique et scandaleuse des hommes et des femmes se transforment en histoire de paix à construire, grâce aux anges du ciel.
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